[Essai] Informatique et épanouissement personnel

Est-il possible de vraiment s’épanouir dans les métiers de l’informatique ? En voilà une question étrange qui me trotte dans la tête depuis quelques jours…

Pas que je sois déprimé où que mon métier ne me plaise pas, bien au contraire… Mais je me pose juste la question. Parce que l’informatique, finalement, c’est quoi ? Et ça mène à quoi ? Déjà c’est un terme générique – souvent utilisé à tort et à travers (qui n’a pas un ami « informaticien » dans les rangs ?) – regroupant une foule de métiers tous très différents, même si parfois ils se recoupent.

On trouve ainsi en vrac des analyses programmeurs, des développeurs, des techniciens niveau I, II etc., des administrateurs systèmes, des administrateurs réseaux, des architectes de réseaux, des spécialistes sécurité, des assembleurs, des constructeurs, des intégrateurs, des spécialistes en génie logiciel, des informaticiens de gestion, des docteurs informatiques, des administrateurs database, des webmasters, webdesigners, des « touche-à-tout », etc. etc. et j’en passe ! Et j’oublie les spécialités ! On trouvera aussi des gens dont la profession est venue se greffer à l’informatique soit pour continuer d’exister et d’évoluer – graphistes, designers – ou parce que l’informatique leur donnait des moyens de travail considérables – chercheurs, mathématiciens, etc.

Je vais m’attarder au groupe que je connais le mieux, celui dont je fais parti : les gens dont le métier est né de l’outil pour « gérer » l’outil. Ceux que l’on appelle en général les « informaticiens » !

Les principaux problèmes et plaisirs de l’informatique sont la vitesse d’évolution des technologies et la complexité toujours plus grande des-dites technologies. Et c’est bien là que le bât blesse. Il y a continuellement de nouveaux changements incluants de nouveaux problèmes plus ou moins complexes à résoudre. On doit à la fois être capable de se concentrer sur les détails (ne pas omettre tel paramètre lors de la configuration de la machine, respecter telle procédure dans tel ordre, etc.) et avoir une vue d’ensemble de sa machine, voir de son parc. Être capable de tenir compte de l’impact que pourrait avoir la case que l’on vient de cocher sur la connexion à un programme x d’un user y sur une machine z.

Parfois cela ressemble fort à une fuite en avant ! Où peut revêtir des aspects d’artisanat quand on voit comment on doit s’y prendre parfois pour faire correspondre toutes les contraintes entre elles de manière plus ou moins satisfaisantes (pour des raisons de compatibilités bien sûr !).

Alors bien évidemment, c’est extrêmement stimulant intellectuellement tous ces problèmes. Mais oui, vous savez bien… Ce sentiment d’être le maître du monde, où du moins de sa machine, lorsqu’un épineux problème vous a maintenu scotché derrière votre écran durant des heures et que finalement vous l’avez maté ! Soit en trouvant un moyen de le contourner (jouissance moyenne, sauf si c’est un contournement « artistique »), soit en le comprenant et le corrigeant (jouissance suprême). C’est tellement stimulant même qu’on parle d’art en matière de codage… Et oui, un codeur peut être est un artiste ! Il est à la recherche de la ligne de code ultime comme un Templier cherchait le Graal.

De même un administrateur est aussi un artiste à sa façon, devant être capable de jongler avec les besoins des utilisateurs, les moyens donnés pour le faire, les contraintes de sécurité, la tolérance de pannes, etc. Il est fier de son infrastructure et va la bichonner, la faire briller, lui ajouter des petits plus, la pousser dans ces derniers retranchements…

Pour toutes ces choses, on peut dire que l’informatique permet un réel épanouissement personnel.

Mais c’est un monde vaste et cruel qui vous oblige à être sans cesse sur vos gardes, à suivre les évolutions, tester les outils, lire plus de docs que vous ne lirez jamais de livres (et bien sûr, même en ne faisant que ça, vous en raterez la moitié… pourtant indispensable évidemment !), tout en tenant compte aussi de l’évolution des menaces possibles et en n’omettant pas de consulter et d’analyser les tonnes de logs de vos serveurs. Vous n’êtes jamais le meilleur, vous n’êtes peut-être même jamais vraiment bon. Surtout comparé aux machines… Elles ne s’effouflent jamais et évoluent bien plus vites que vous ne pourrez jamais les suivre ! En tous cas, elles s’effoufleront moins vite que vous.

Alors parfois, on se sent un peu comme David devant un Goliath… Petit et désemparé, complètement désarmé devant la tâche à accomplir !

Et plus votre champ de compétences/intérêt est vaste, plus ce sentiment sera fort ! Et vous avez soif… Soif de savoir, de comprendre, de tester, de faire… Alors vous courrez de plus belle après les HOW-TO, les RFC et autres documents censés vous apprendre les « best practices »…

Un des signes les plus flagrants de cette vitesse d’évolution démente et limite ingérable justement de l’informatique sont ces fameux manuels… Surtout ceux que l’on trouve pour les logiciels phares de l’OpenSource (connus pour leur réactivité et leur évolution fulgurante). Ils ne sont presque jamais complets, jamais aboutis. Et quand ils le sont, c’est pour une version qui est obsolète depuis longtemps ! Alors on a mis en place des solutions permettant à chacun de partager son savoir sur un sujet donné tel que Usenet ou les Wiki. Mais même là, l’information est rarement à la fois complète et à jour… Et si elle est là, elle est souvent tellement vaste qu’elle en devient insondable…

On imagine encore souvent les « informaticiens » comme des gars un peu fous, un peu marginaux sur les bords… complètement accros à leur matos ! C’est une image bien souvent – et de plus en plus – erronée mais qui véhicule une vraie réalité à mon avis : ce sont des métiers de passion ! Je dois dire que je ne connais pas d’admin qui tienne la distance et qui arrive à vraiment suivre le rythme sans être passionné par son métier. En effet, à moins d’avoir décroché la place « garage » dans une boite où le système est stable et qui évolue très peu, si vous n’êtes pas un passionné, vous serez vite complètement dépassé et oppressé par les tâches…

C’est pourquoi des fois, entre deux installs, on se demande si on va tenir la cadence… Si on va arriver à suivre l’évolution de nos bécanes. Si la passion ne va pas s’essoufler et laisser la place à la lassitude puis au désespoir qui nous fera d’abord rentrer dans une sorte de léthargie avant d’être mis au rebus de la profession, comme un vulgaire AS400 obsolète. On se demande surtout si tout cela à un sens pour nous ! Si ça va nous mener quelque part, nous apporter quelque chose d’autre que des tonnes de connaissances dépassées avant d’être acquises…

Et là, vous découvrez un nouveau logiciel, vous testez un nouveau service… Implémentez avec succès un truc qui vous résistait depuis des mois… Et alors, c’est le bonheur, le second souffle ! Et tout repart de plus belle !!!

Un métier de passion moi je vous le dis !!!! :D

nb: encore en cours d’écriture… 1er jet !

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6 commentaires

syklop a dit le 12 mai 2006 à 20:02

Là voilà donc cette grrrrande note que tu nous annonçais !

Quand tu dis que "si vous n’êtes pas un passionné, vous serez vite complètement dépassé et oppressé par les tâches", je te rejoins à 200%.
On est en plein dans la difficulté de ce métier : Qui peut prétendre que la passion durera toute une carrière ?… Ca existe, certes, mais ça ne se commande pas. C’est un peu une sorte de pari. Si la passion s’en va, on perd ;-) Ou, pour le moins, on devient moins efficace…
Ou, encore, on se recentre sur d’autres priorités, pas forcément centrées sur le professionnel…
Une problèmatique qui existe aussi pour d’autres métiers, je pense.

Mais une passion, ça s’entretient, ça se ravive. Pour un moment au moins.

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burningHat a dit le 12 mai 2006 à 20:17

Hé ouaip la voilà… Et encore j’ai coupé des bouts et raccourci mon idée… Pas facile de la pondre cette note et pas facile de ne pas la transformer en un vrai essai :s

Et merci d’être à 200% d’accord avec moi sur le point clé de cette note (tout le reste ne sert qu’à enrober cette phrase finalement… Yep, ça s’entretient et se ravive, tu as parfaitement raison ! Ca se bosse la passion ! Comme tout ce qui est bon dans la vie quoi :p Et pour dire que ça existe aussi dans d’autres métiers, tu as raison aussi… Pas les exemples qui manquent d’ailleurs ! :D

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syklop a dit le 12 mai 2006 à 21:27

En fait, j’avais pas attendu ta note pour me poser le même genre de questions : Quand tu changes de job, c’est en général le résultat d’une looooooongue réflexion. Et le côté "passion" en fait partie.

Je m’étais demandé si je devais pas me recycler en cultivateur de salades. On verra, si dans 6 mois d’un nouveau job, je me suis pas trompé de choix !…

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burningHat a dit le 12 mai 2006 à 23:30

Yep j’imagine bien ne pas être le seul ou le premier à m’être fait ce genre de réflexions… Et j’ai déjà eu l’occasion de faire ce genre de point et de bilan dans ma vie aussi… Bien pour ça que je suis dans l’info et la formation maintenant et plus dans la musique….

Si tu veux mon avis, tu ferais aussi également un excellent cultivateur de salades. Hein mister Jardiland :p

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Une vie en informatique a dit le 2 juin 2006 à 10:32

Les joies d’une vie en informatique

Voila quelqu’un qui a les même préocupations que moi en ce moment. Si vous êtes dans l’informatique, je vous conseille de lire l’article au complet. http://blog.burninghat.net…

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Taz-G a dit le 23 juillet 2006 à 2:27

Les informaticiens se parlent souvent à eux-même…. une fois qu’on est déconnectés du monde on est forcément heureux! Non je rigole…

Ce qui me plait dans l’informatique c’est la logique, le fait qu’il y ait toujours de la recherche à faire et je ne pouvais pas demander mieux comme domaine. C’est formidable de s’intéresser aux besoins des autres et tenter de les aider. Humainement c’est un métier ultra riche même si ce n’est pas ce que pense la majorité des gens. Généralement les informaticiens sont accusés à tort et il est alors souvent impossible de démontrer que le problème ne vient pas de nous mais des gens qui ne font pas l’effort de comprendre.

Moi je suis analyste programmeur donc dans la tête des gens je suis un pirate… j’arrive déjà pas à pirater mon propre système alors pense bien.

L’épanouissement dans les métiers informatiques? Oui carrément!
Et puis sans blague, ça aide dans la vie de tous les jours…. même si je commence à avoir un vocabulaire franchement geek depuis que je "connais" Burninghat :p

Tu rigoles j’aurais aimé être jardinier. Sinon avant j’hésitais entre: accompagnateur de voyages (mais vite lassant), vétérinaire (j’aime pas la biologie), prof primaire (pourquoi pas mais bof bof), chimiste (j’adorais mais j’avais souvent des mauvais points)….

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